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Une Jolie Fille Comme Ça d’Alfred Hayes

une_jolie_fille_comme_ca - alfred_hayesAlors qu’il s’échappe de la villa où une fête hollywoodienne bat son plein, un scénariste en vogue aperçoit une jeune femme se jeter dans l’océan en contrebas. L’ayant sauvée d’une noyade assurée, lui qui regarde avec dédain les artifices et la vanité de son milieu ne tardera pourtant pas à vendre son âme, ou plutôt sa liberté, faute de savoir résister à la tentation.
S’agit-il pour lui de jouer les héros? Ou d’oublier l’ennui et le naufrage de son mariage en se laissant aller à une énième liaison? Et qui est-elle vraiment, cette jolie fille à la carrière d’actrice mal engagée et dont les fêlures, notamment amoureuses, prennent une tournure menaçante?
Toutes ces questions n’empêchent pas les deux êtres de plonger dans une relation venimeuse, qui réveille les démons de chacun.

 

La Critique de l’Ogre : 6/10
Un roman court, direct, efficace… c’est ce que l’on garde à l’esprit après avoir terminé une Jolie Fille Comme Ça. Une histoire – d’amour ? – dont le nom des protagonistes ne nous sera jamais révélé et qui trace un portrait sans concession de deux âmes, noyées dans leurs ambitions et leurs illusions, et subsistant dans une société hollywoodienne des années 50 où faux-semblants, poudre aux yeux et chutes vertigineuses forment  un quotidien destructeur.

Une histoire brève – 150 pages – mais percutante. Peu de scènes superflues, une mise en scène sommaire, des chapitres courts… Le rythme est soutenu, accrocheur, et la rencontre de ces deux êtres perdus dans les méandres de leur âme est très bien narrée, soulignée par des introspections crédibles dans ces deux « héros ». On trouve enfin, en toile de fond, des interrogations sans concession sur un monde hollywoodien où l’être humain semble relayé au rang de faire-valoir d’une minorité puissante qui use jusqu’à épuisement des avantages de leur position – parfois, absurdement, au détriment de leur propre bonheur. Des pages qui ne sont pas sans rappeler Karoo de Steve Tesich.

Il reste tout de même que derrière cet intéressant tableau, deux points m’ont quelque peu dérangés. Le premier est sans conteste le style. Il faudrait lire la version originale pour déterminer s’il s’agit d’une traduction maladroite ou d’un texte original bancal. J’ai trouvé certaines phrases légèrement confuses, observé quelques répétitions dérangeantes et trouvé le texte un peu fouilli. Et pourtant, le tout se lit très bien… Un paradoxe qui n’empêche en rien d’apprécier l’histoire, mais qui laisse un étrange sentiment d’inachevé.

Second point, la passivité totale du protagoniste masculin. Présenté comme un homme cultivé, érudit, ayant eu une belle carrière, critique sur la société hollywoodienne et sa décadence… et pourtant, lors de certains passages, il se trouve être d’une absence totale, comme étranger à sa propre vie. L’impression qui m’est resté est que l’auteur a utilisé cet artifice pour permettre à la jeune femme – la vraie comédienne/drama queen de l’histoire – de s’exprimer pleinement. Hélas, ce sentiment de passivité enlève énormément de crédibilité au héros masculin – surtout lors du long dialogue final avec l’héroïne où son absence de réaction devient épuisante.

Un bon roman amoureux, avec un certain humour noir, court et efficace, hélas entaché par une écriture un peu bancale et confuse.

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