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L’Oeil du Paon de Lilia Hassaine

31oo2-qrB4L._SX339_BO1,204,203,200_Après avoir toujours vécu sur une île sauvage de Croatie, Héra se retrouve à Paris chez une tante qui la traite comme une étrangère. Tandis que son petit cousin, Hugo, reporte toute son affection sur elle, Gabriel, le mystérieux instituteur de l’enfant, l’initie aux plaisirs de la ville. Vite intégrée à la jeunesse des beaux quartiers, contaminée par le cynisme ambiant, Héra semble se satisfaire d’une certaine artificialité…


La Critique de l’Ogre : 6/10

Premier roman de Lilia Hassaine, L’Oeil du Paon raconte l’histoire d’une jeune fille, Héra, vivant sur une île reculée de Croatie qui se retrouve soudain propulsée dans la vie parisienne avec tout ce qu’elle peut avoir de superficialité, de faux-semblants. Tout commence avec Titus, un Paon de l’île croate sur laquelle vit Héra, qui meurt inexplicablement. Le poids des traditions, de la spiritualité, des croyances, amène le père d’Héra à envoyer sa fille loin de leur paradis reculé, persuadé que la mort de Titus est un signe avant-coureur d’une catastrophe en devenir, funeste pour sa fille. Héra part donc à Paris, chez sa tante.

Et ainsi, Héra débarque dans une famille occidentale/française/parisienne que l’on pourrait étiqueter de « typique ». Non dits, Lexomil, dépression, tromperies, sans réelles valeurs spirituelles…  Typique ? De la réalité, difficile à dire, mais des clichés  cinématographiques et littéraires actuels, sans doute, oui. Car c’est vrai que c’est une histoire éculée : l’héroïne qui débarque de son paradis dans l’agitation de la ville, qui fait face à toutes ces valeurs perdues, à la société de consommation, à la glorification du travail, de l’image de soi, au prix de pathologies psychiatriques terribles. Bref, c’est du classique, mais après tout, ce qui fait l’originalité d’un sujet est surtout la manière dont il est traité. Donc pourquoi pas ? Lilia Hassaine s’en sort plutôt bien, avec une héroïne qui, finalement, ne juge pas, mais simplement constate. Avec cette jeune femme qui finit par se perdre elle aussi dans une sorte de cynisme et d’artificialité. 

L’atout principal de L’Oeil du Paon reste pour moi l’écriture. Elle est fluide et belle, parfois mélancolique, de temps en temps ironique… Souvent onirique tout en étant ancrée dans le réel. On a plaisir à lire l’autrice dans son voyage, même si, parfois, la destination n’est pas très claire. C’est sans doute ce qui m’a le moins embarqué dans ce roman. La destination. Parce qu’on ne sait pas vraiment où on va.

Déjà, il y a cette quatrième de couverture. Ne la lisez pas jusqu’au bout ! En début de cet article, je l’ai d’ailleurs tronquée. Parce qu’elle vante un rebondissement clé dans l’intrigue, rebondissement qui n’arrive qu’à la fin du roman. Donc, si vous pouvez éviter la lecture de la quatrième, évitez-la. Au risque de passer le livre à attendre quelque chose qui ne viendra jamais, au risque de se méprendre sur ce que souhaite partager avec nous Lilia Hassaine.

Et puis… Dans une belle histoire, il faut qu’il y ait un enjeu. Quelque chose qui fait que cette histoire mérite d’être écrite et racontée. Et malheureusement, on retrouve ici la tendance actuelle des auteurs contemporains : pondre des livres à la chaine, sans intrigue. On écrit… On écrit. Sur tout. Sur n’importe quoi. On ne cherche plus à raconter quelque chose, on laisse l’histoire vivre. Sans aller jusqu’à cet extrême, on retrouve un peu de ça dans le roman. Une histoire, une tranche de vie, des successions de scènes, des portraits de personnages….

Lilia Hassaine a une belle écriture, très prometteuse, qui nous accroche et nous amène jusqu’au bout de ce roman qui pâtit, hélas, d’une solide construction narrative.

 

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