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Carbone Modifié de Richard Morgan

9791028110161Dans un avenir pas si lointain, la mort n’est plus définitive  : vous pouvez sauvegarder votre conscience et vos souvenirs et les réimplanter dans un nouveau corps. De fait, pour Takeshi Kovacs, mourir n’est plus qu’un accident de parcours  : il a déjà été tué plusieurs fois. C’étaient les risques du métier dans les Corps diplomatiques, les troupes d’élite du Protectorat des Nations unies expédiées à travers la galaxie. Mais cette fois, on le ramène sur Terre pour mener l’enquête  : un riche magnat veut élucider sa propre mort. La police a conclu au suicide. Or, pourquoi se suicider quand on sauvegarde son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants  ?

 

La Critique de l’Ogre : 8/10

Roman de nouveau sur le devant de la scène grâce à la série Netflix Altered Carbon qui s’en inspire directement, c’est l’occasion de (re)découvrir ce livre de Richard Morgan, Prix Philip K. Dick 2003. Carbone Altéré est un subtil mélange entre Polar, Science-fiction, Cybernétique et Thriller. Un livre sombre qui nous entraîne dans les bas-fonds d’une société humaine futuriste où les dérives de la technologie et leurs impactes sur les humains et les moeurs sont illustrées dans toute leur horreur. L’ensemble du livre tourne autour du principe central qu’est la pile corticale, espèce de cerveau de substitution dans lequel la conscience d’un être est enregistrée, sauvegardée… Parfois dupliquée. Takeshi Kovacs, héros au passé complexe, est enveloppé dans un nouveau corps pour élucider le mystère du suicide inexpliqué d’un homme riche. Pourquoi se suicider lorsque l’on sait que l’on sera ramené à la vie dans un nouveau corps ?

L’histoire est particulière et peu dérouter. On la sent partir vers une direction basique : une enquête, une succession d’indices trouvés qui conduiront Kovacs de lieux en lieux pour élucider l’affaire Bancroft… Sauf qu’il n’en est rien. Cette enquête n’est qu’un point de départ pour une série d’expériences et de rencontres – dont certaines plus ou moins agréables – qui parfois, n’auront que peu de rapport avec le suicide de Bancroft. Ce n’est qu’à la fin où tout se connectera d’une manière étonnante. Cela fait de Carbone Modifié un roman dans lequel il faut savoir se laisser emporter, apprendre à s’écarter de la trame principale pour mieux y revenir par la suite.

Carbone modifié est bourré de bonnes idées. Au delà de l’écriture fluide et efficace, de l’histoire, il y a une foultitude de détails, de technologies, qui créait un univers pertinent et vaste. Les dérives technologiques liées aux piles corticales, l’accès à la réalité virtuelle et ce qui en découle – j’ai beaucoup la notion de temps relatif en VR – les inégalités sociales qui, au final, continuent à être exacerbées par la technologie… Les pauvres arpentent le sol, les riches vivent dans les nimbes, protégés par l’immortalité de leur pile cortical et les clones vides de toute substance qu’ils se font fabriquer. Un univers vaste et violent qui réserve des surprises à chaque page.

C’est aussi et surtout une réflexion philosophique sur la mortalité humaine : que devient-on lorsque l’on devient immortel ? Comment le passage du temps nous transforme, nous-mêmes, mais aussi dans notre relation aux autres ? Comment se positionne la religion par rapport à des technologies qui la passent ? D’autres questions sont posées sur l’essence même de l’âme humaine : est-elle une simple impulsion électrique transférable dans une pile ? Quelque chose de plus profond, associée ou dissociée du corps.

Chacun se fera son avis, mais l’essentiel est de se laisser embarquer dans ce technopolar futuriste très réussi.

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