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Vernon Subutex (Tome 1) de Virginie Despentes

vernon-subutex-1_virginie-despentesQui est Vernon Subutex ?
Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de ressurgir.
Le détenteur d’un secret.
Le dernier témoin d’un monde révolu.
L’ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous.

 

La Critique de l’Ogre : 6/10

Premier opus d’une trilogie, ce tome de Vernon Subutex est assez alléchant sur le papier. Un personnage mystérieux, fantomatique, une légende urbaine, l’ultime visage de la comédie inhumaine… Un (anti)héros pour un livre qui s’annonce satirique et énigmatique. Dès les premières pages, c’est exactement l’ambiance dans laquelle on verse. Vernon Subutex est un homme buriné par l’âge, les années qui lui sont passées dessus et marqué au fer rouge par le milieu dans lequel il a évolué. Et c’est en pleine chute que l’on vient se poser sur son histoire, au moment où, pour lui, tout déraille.

Assez rapidement, on comprend que ce roman brosse en réalité une série de portraits de personnages liés de près ou de loin à ce fameux Vernon Subutex. Autour de lui, les vies se font, se défont, les individus se confient et partagent avec nous de longues introspections. Fantôme du passé pour les uns, promesse d’avenir pour les autres, Subutex est à la hauteur des promesses de la quatrième de couverture. L’écriture est punchy, brutale, souvent vulgaire, et offre à travers ces différents portraits une critique sans concession du milieu du rock’n’roll, du monde du spectacle et du divertissement, pointant leurs travers, leurs dérives…

Le problème, c’est que Virginie Despentes finit par devenir une caricature dans la caricature. À vouloir aller trop loin sur le thème de la dépravation et du « le monde et l’humanité, c’est de la merde ! », elle perd de plus en plus en crédibilité au court des pages, offrant notamment une somme de clichés assez folle sur les hommes, les femmes, la couleur de peau… Tous les mecs sont des bêtes sauvages sexuelles à la limite du prédateur tandis que les femmes ne sont que des nymphomanes droguées, le tout basé sur le principe de base qui est que la nature humaine est complètement pourrie.

D’aucuns diront qu’il faut le prendre au second degré, que c’est une critique d’un certain milieu désabusé, mais le fait est que sur la fin, Despentes m’a perdue. Je n’accrochais plus à ces personnages tous plus cyniques les uns que les autres, remplis de haine, de fiel, et dénués de respect pour les autres. J’aurais apprécié qu’en gardant le concept de son livre, elle montre toutes les facettes du milieu dont elle s’essaie à la critique via des portraits plus variés et pour certains, moins désabusés. Le livre aurait, je pense, gagné en profondeur et en crédibilité.

Un concept de livre intéressant, brossant le portrait de plusieurs personnages avec en toile de fond la « légende urbaine » qu’est Vernon Subutex, mais qui se perd dans ses propres critiques d’une société trop désabusée pour être crédible.

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