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Nocturnal Animals (Tony & Susan) d’Austin Wright

Nocturnal-animals-Tony-et-SusanAlors qu’elle mène une vie paisible, Susan reçoit un manuscrit de son premier mari, Edward. Le roman raconte l’histoire de Tony, kidnappé sur l’autoroute avec sa femme et sa fille, tandis qu’ils se rendaient dans leur maison du Maine. Or Susan a, elle aussi, une maison dans le Maine. Que veut réellement lui révéler Edward ? Au fur et à mesure de sa lecture, Susan va plonger dans une spirale infernale…

 

La Critique de l’Ogre : 8/10

Sortie cette année au cinéma, l’adaptation de Tony & Susan (Nocturnal Animals en anglais) met sur le devant de la scène ce roman d’Austin Wright. Et c’est tant mieux, tant j’ai apprécié me plonger dans cette histoire étonnante, mélangeant récit présent, passé et fictif. Ce roman original raconte une tranche de vie de Susan, femme et mère aux prises d’une histoire d’amour qui ne lui convient plus guère, et qui trouve, un matin dans son courrier, un premier romain écrit par son ex-compagnon, Edward. Ce dernier lui propose de parcourir ses écrits pour en recueillir son avis. D’abord hésitante, elle finit par céder et plonger dans les mots de cet homme qu’elle n’a pas vu depuis des années. La lecture rappellera à elle des souvenirs de leur relation passée et l’amènera à s’interroger sur sa vie actuelle. 

La construction du livre est étonnante et fonctionne parfaitement. On alterne entre différentes narrations et temporalités, chacune s’entremêlant avec les autres. Ainsi, il y a les instants de lecture du livre écrit par Edward, que l’on découvre au rythme de Susan : une histoire à part entière, un livre de bout en bout intégré dans ce roman. Puis, viennent ensuite les pensées de Susan à la lecture de ce livre : ses sentiments, ses émotions, sa manière de comprendre et d’aborder le travail d’Edward… Il y a ensuite d’autres passages, intercalés entre les jours de lecture de Susan, durant lesquels c’est son histoire avec Edward qui nous est contée. Ces trois piliers du roman se mélangent dans un tout cohérent très rythmé. Une construction de roman réussie.

J’ai aimé parcourir le livre d’Edward aux côtés de Susan, de lire avec elle et de découvrir, ensuite, ce que les mots déclenchent chez elle : ce qu’elle ressent à la lecture, comment les mots sont reliés à son histoire avec Edward, son analyse du style de son ex-compagnon… On se retrouve propulsé dans la tête d’une lectrice, une lectrice face à son interprétation directe d’un livre – avis, critique, ton du roman, anticipation de ce que pourrait être la suite… – mais aussi face aux souvenirs et aux analyses déclenchés dans son esprit. Le pari, pour Austin Wright, était risqué, car il se retrouve lui-même à critiquer ses écrits, son style, sa capacité à narrer ses histoires. Et il y parvient parfaitement en se réfugiant derrière Susan pour en donner une analyse partiale et franche.

Le style d’Austin Wright est fluide, agréable à lire, et son sens de la mise en scène est à noter. Il parvient à insuffler une forte tension, notamment lors du début du livre écrit par Edward. On reste scotché par les événements qui s’enchaînent, des événements à la fois lourds, noirs et psychologiquement puissants. Il est aussi bon dans la narration que dans l’analyse psychologique de ses personnages qui sont bien équilibrés, que ce soit Susan ou Tony, le héros de l’histoire d’Edward. Une petite critique, tout de même, sur la fin du « livre d’Edward » qui tourne un peu en rond et aurait gagné à finir plus directement, à supprimer quelques rebondissements superflus.

Un bon roman, à mi-chemin entre roman noir, thriller psychologique, et livre introspectif… Foncez les yeux fermés.

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