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Le Parfum de Patrick Süskind

le-parfum_patrick-suskindAu XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s’appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre que lui n’aurait pas survécu. Mais Grenouille n’avait besoin que d’un minimum de nourriture et de vêtements, et son âme n’avait besoin de rien.
Or ce monstre de Grenouille, car il s’agissait bel et bien d’un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l’univers, car « qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le coeur des hommes ».


La Critique de l’Ogre : 7/10

Le Parfum est un classique de la littérature de la fin du 20ème siècle, et à juste titre. Une histoire insolite et perturbante, une prose à mi-chemin entre conte et poésie, un personnage principal violent et détraqué… Un livre atypique qui propose une immersion dans un Paris et une ville de Grasse du 18ème siècle où les plus grands parfumeurs côtoient la crasse et la puanteur de la ville.

Patrick Süskind s’est creusé les méninges pour arriver à délivrer une histoire pareille. Le personnage principal, ce Grenouille, est une sorte d’aberration de la nature, un homme dont l’absence d’odeur corporelle se compense par un nez tout-puissant ressentant la moindre petite senteur et analysant jusqu’à l’essence même de sa source de production – ce qui est d’autant plus flagrant en ce qui concerne les effluves humaines et la manière dont il les utilisent pour lire les âmes.
Ces prouesses de Grenouille sont le postulat de base d’une histoire qui se construit de page en page, avec comme objectif de conduire le héros – peut-on l’appeler en ces termes ? – vers son destin d’implacable meurtrier. C’est indéniablement la plus grande force de ce roman : la construction de Jean-Baptiste au travers d’étapes cruciales de sa vie, toujours liées de près ou de loin à son sens surdéveloppé. Le cheminement de pensées le conduisant, dans un premier temps, à l’exil, puis à la volonté de maîtriser les hommes grâce aux odeurs est ingénieux, maîtrisé et brillant.

L’écriture de Süskind participe largement à la crédibilité de l’histoire et à l’immersion dans l’esprit dérangé de Grenouille. Pour nous faire comprendre les schémas mentaux de Grenouille, il réussit avec beaucoup de génie à nous décrire les odeurs qui l’entourent, les effluves qu’ils croisent, l’ambiance qu’il ressent. Parfois, on se sent presque dériver avec Grenouille dans une espèce de mélasse tourbillonnante de senteurs, un épais brouillard d’arômes et d’effluves… Les phrases sont belles, poétiques, presque chantantes et d’une grande inspiration. Indéniablement, Süskind a un réel talent de narrateur et de descripteur. 

Ce qui ressort du Parfum est un roman dérangeant et empreint d’une violence froide. L’auteur prend le parti de grandement nous immerger dans la tête de Grenouille, non pas pour justifier ses actes, mais pour expliquer comment un être aussi particulier se transforme petit à petit en meurtrier. 

Il faut tout de même avouer que ce roman est compliqué à lire. Très descriptif, une histoire qui prend son temps, des phrases alambiquées… Ce n’est pas le type de bouquins que l’on lit pour se reposer la tête. Pour en profiter complètement, au contraire, il faut le vivre comme une expérience : prendre le temps de le déguster, s’immerger dans chaque ligne, se laisser embarquer par le monde et les odeurs décrites par Patrick Süskind, suivre l’évolution de Grenouille… Pour cette raison, Le Parfum est susceptible de ne pas plaire à tout le monde selon ce que chacun cherche dans la lecture.

Un classique de la littérature qui mélange poésie, ambiance noire et violente, et qui propose une vraie expérience d’immersion.

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