Imaginez : vous vous baladez sur les quais de San Francisco un dimanche, quand soudain une bohémienne vous saisit la main pour y lire votre avenir. Amusé, vous vous laissez faire, mais dans l’instant son regard se fige, elle devient livide. Ce qu’elle va finalement vous dire… vous auriez préféré ne pas l’entendre. À partir de là, rien ne sera plus comme avant, et il vous sera impossible de rester sur les rails de la routine habituelle.
La Critique de l’Ogre : 5/10
Ne connaissant pas du tout cet auteur, et ayant vu plusieurs de ses livres en tête de gondole dans certaines petites librairies, je me suis dit, pourquoi pas ? Puis, lorsque j’ai ouvert Le Jour Où J’ai Appris à Vivre et que je suis tombé sur sa biographie, j’ai vu ces deux mots, tendances ces dernières années, que l’on trouve partout : Développement Personnel. Et j’ai eu peur de tomber sur l’un de ces romans qui, sous couvert de raconter une histoire – à l’image de Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en a qu’une – cache en réalité un livre de psychologie positive… C’est à moitié le cas pour celui-ci.
L’écriture de Laurent Gounelle est simple, mais elle va à l’essentiel. C’est fluide, agréable à lire, on se laisse emporter. La narration au travers de différents personnages est cohérente, mais desservie par une histoire bancale et aussi et surtout, des protagonistes très « clichés ». Le voyeur et son matériel ultra perfectionné pour épier ses voisins – je me pose d’ailleurs la question de savoir si des outils aussi performants existent réellement -, le collègue faux-amis aux intentions cachées qui fréquente et use des services d’une prostituée – forcément, c’est le méchant ! – ou encore la tante perchée qui a tout compris à la vie et qui donne des leçons de morale toutes les trois secondes, basées sur des exemples plus que douteux.
Et c’est pour moi le gros problème de ce livre : cette tante et ses leçons de vie. Déjà, le postulat de base est érroné, car cette histoire se veut optimiste, montrant au héros une vraie manière de vivre en harmonie avec soi-même et les autres. Très bien, sauf, que le héros n’est pas particulièrement au fond du trou. En tout cas, cela ne transparaît pas du tout dans les premières pages. Plus facile dans ces conditions de s’engager sur la voie du bonheur. Et les conseils de vie prodigués par cette tante sonnent faux : des grands principes, vertueux, mais basés sur des arguments que je remets en question et des exemples infondés.
Et il y a enfin la facilité du héros qui, après quelques discussions avec sa tante, change radicalement sa manière de vivre. Comme si tout était aussi simple qu’un claquement de doigts. Pourquoi pas, sauf que qui peut, comme Jonathan, quitter sans prévenir son travail plusieurs jours, comme ça, quand il le souhaite ? Qui à la chance de posséder une entreprise qui lui assure un capital conséquent pour changer de vie ? Qui à la chance d’habiter en centre-ville de San Francisco et de n’avoir qu’un léger chemin à pied à faire pour aller travailler ? Pas grand monde. Il y a cette fâcheuse tendance à faire croire qu’avoir une belle vie heureuse est simple, mais que quand même, pour le montrer, l’auteur a besoin d’avoir des héros avec de la chance, des moyens, et un événement extérieur qui vient les aider à les mettre sur le droit chemin…
Un roman se voulant « feel good », rempli de bons sentiments, qui survend une capacité à atteindre le bonheur en apportant en un claquement de doigts tout ce dont ses héros ont besoin pour y arriver. Passez votre chemin.