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Le Diable de la Tamise d’Annelie Wendeberg

gr_9782264070067Londres, 1889. Quand une victime du choléra est retrouvée dans la Tamise, le Dr Anton Kronberg, bactériologiste de son état, est appelé pour confirmer les causes du décès. Toutes les précautions sont prises pour éviter une épidémie. Les choses auraient pu en rester là si les résultats intrigants de l’autopsie n’avaient poussé Kronberg à s’intéresser de plus près à cette affaire. Alors que Scotland Yard souhaite classer ce cas, Kronberg se rapproche de Sherlock Holmes. Et il ne faut que peu de temps au célèbre détective pour percer le secret du médecin qui, en réalité, est… une femme. Un secret qui pourrait la mener droit en prison s’il venait à être révélé. Mais tous deux vont unir leurs forces pour débusquer un criminel aussi redoutable que Jack l’Éventreur…

 

La Critique de l’Ogre : 7/10

Le Diable de la Tamise est une enquête qui nous replonge dans l’univers de Sherlock Holmes sur un principe proche des livres d’Arthur Conan Doyle, à savoir une narration à la première personne d’un personnage évoluant aux côtés du fameux détective. Watson auparavant, Anna Kronberg aujourd’hui. Ce livre se détache tout de même des aventures de Conan Doyle avec une héroïne plus solitaire, menant sa propre vie/enquête, reléguant Holmes au rôle de présence intrigante, fascinante, lointaine. Sherlock apparaît de manière savamment dosée et apparaît comme vrai personnage secondaire, et c’est tant mieux ! Chacune de ses irruptions est attendue avec impatience et cela laisse pleinement au personnage principal, Anna/Anton Kronberg, la possibilité de se développer.

Le personnage d’Anna, justement, est intéressant et admirablement construit. Cette femme, forte et engagée, qui se déguise chaque jour en homme afin de pouvoir exercer son métier de bactériologiste – avec les risques que cela comporte – nous rappelle les conditions de vie des femmes anglaises au dix-neuvième siècle pendant l’époque victorienne. Plus compétente que la plupart de ses congénères hommes, il lui suffirait pourtant d’être découverte pour perdre immédiatement le droit d’exercer. C’est un personnage fort, intelligent, qui n’hésite pas à tenir tête à ses opposants lorsque nécessaire, au premier rang desquels, Holmes. La relation de confiance relative qui s’instaure entre les deux héros se fabrique au fil des pages avec crédibilité, ce qui donne un livre complet, équilibré, avec des protagonistes construits et charismatiques.

L’histoire est aussi bien faite, dans la pure tradition de l’enquête policière, mais l’évolution de sa trame surprend, notamment lors des derniers chapitres. Annelie Wendeberg y intègre nombre de références historiques, notamment sur les recherches médicales autour des premiers vaccins contre le tétanos, et ancre son récit dans une dimension historique très appréciable. L’auteur utilise un vocabulaire précis et exhaustif, mettant au service de son histoire ses connaissances en bactériologie. Elle sait de quoi elle parle, et renforce ainsi le personnage principal tout comme l’histoire générale qui, en plus d’être captivante, et particulièrement documentée. Enfin, l’ensemble du texte est crédibilisé par une plume fluide et agréable, et une capacité de l’auteur à nous propulser dans le Londres victorien, les taudis, les fiacres, la pollution… Une atmosphère sombre, mystérieuse, qui s’impose avec justesse. 

Quelques petits points confus vers la fin, tout de même, où on hésite sur la direction que prend l’histoire, les objectifs de l’héroïne étant flous, la présence de Sherlock Holmes plus discrète et en sous-entendus. Il faut attendre la toute fin pour comprendre, comme bien souvent dans ce genre de romans, mais ici, c’est l’intrigue générale qui reste brumeuse. Pas de mystères, d’attente de révélation, mais plutôt une série d’événements que l’on ne comprend pas forcément, qui finiront par trouver une explication en fin de roman, mais qui amène le lecteur dans un enchaînement de pages sans lien évident avec ce que l’on pense être l’intrigue initiale.

Dans l’ensemble, une belle aventure dans le Londres victorien qui nous replonge dans l’univers de Sherlock Holmes avec beaucoup de réussite, le tout servi par une héroïne charismatique et attachante.

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