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La ballade de l’enfant gris de Baptiste Beaulieu

9782863744444-001-TC’est l’histoire de Jo’, jeune interne en pédiatrie à la personnalité fantasque, à qui tout sourit.
C’est l’histoire de No’, un petit garçon de sept ans attachant et joueur, qui est atteint d’un mal incurable et ne comprend pas pourquoi sa maman ne vient pas plus souvent le voir à l’hôpital.
C’est l’histoire de Maria, une mère secrète, qui disparaît à l’autre bout du monde au lieu de rester au chevet de son fils.
Un matin, dans la chambre de l’enfant, survient un drame qui lie à jamais le destin de ces trois êtres.
Jo’ devra tout quitter pour partir sur les traces de Maria et percer ses mystères.

 

La Critique de l’Ogre : 7/10

Baptiste Beaulieu, médecin généraliste, s’est fait connaître pour son blog, Alors voilà, ou encore son livre Alors Voilà : Les 1001 vies des Urgences. Des plongées dans le monde de la médecine et dans le cadre hospitalier qui se retrouvent dans La ballade l’enfant gris, mais plus en filigrane. Ce roman est plus introspectif : l’histoire (en partie autobiographique) d’un interne en médecine, qui face à l’incompréhension du comportement de la mère d’un enfant gravement malade, décide de partir dans une quête de sens. Le traumatisme subi par le jeune interne lors de la « déchirure » le change à jamais et remet sa vie en perspective d’une manière telle qu’il ne peut la vivre, la continuer, sans éclaircir les intentions et les motivations de la mère de l’enfant. S’en suit alors une sorte de traque de cette fameuse mère qui le fera voyager jusqu’en Italie.

Première constatation, l’écriture de Baptiste Beaulieu est fluide et belle. Les phrases sont ciselées, les mots parfaitement choisis, et démontrent un sens poétique certain de la part de l’auteur. Il y a des analyses fines des caractères et des motivations de ses personnages ainsi qu’un sens de la métaphore savamment dosé. On sent aussi que Baptiste Beaulieu est un auteur de symboles, qui aime créer du lien entre les situations, les objets, les concepts. Le héros est un homme qui s’attache à essayer de pleinement vivre dans le monde qui l’entoure et qui cherche un sens à sa vie, un sens au monde, comme si le moindre petit objet, la plus petite phrase, faisait partie d’un grand tout. L’ensemble donne une atmosphère à la fois mélancolique et onirique… On a face à nous un livre avec une identité propre.

L’histoire est contée de manière rythmée, avec des allers et retours entre la vie de l’interne pré et post « déchirure ». Les deux temporalités se font échos, on découvre l’histoire de la mère et du héros au fur et à mesure que l’avant « déchirure » nous est présenté. Les deux narrations rebondissent habilement l’une sur l’autre et donnent une construction intelligente. Les déambulations du héros dans la ville de Rome sont plaisantes à suivre et mélangent de manière subtile sa quête sur les traces de la mère avec ses interrogations personnelles profondes sur sa vie. Ce livre est dense, complet, et accroche le lecteur avec ingéniosité.

Sur la fin, quelques points sont venus alourdir ma lecture. Certes, les métaphores et le symbolisme de l’écriture et de la narration sont parfaitement exécutés, mais elles sont, je trouve, un peu trop nombreuses. Parfois, à vouloir trop analyser, l’histoire se perd. On voudrait qu’elle avance un chouilla plus vite, que le héros arrête quelques secondes de chercher du symbolisme dans le moindre objet croisé dans la rue ou la moindre parole. Qu’il nous laisse nous-mêmes nous immerger dans son histoire, nous faire nos propres analyses, notre propre symbolisme. Car l’histoire s’en trouve ralentie et trop guidée, comme s’il essayait de nous imposer une seule lecture possible d’une scène ou d’un personnage.

Sur sa globalité, La ballade de l’enfant gris est un très bon et beau roman, écrit par une plume poétique est intelligente.

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