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Je suis un légende de Richard Matheson

couv6885133Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l’abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil… Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu’aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme. Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l’ultime survivant d’une espèce désormais légendaire.


La Critique de l’Ogre : 7/10

Avec cette critique, continuons dans la série des grands romans de science-fiction du XXème siècle. Je suis une légende, de Richard Matheson, est devenu un classique du genre, reconnu comme tel dans nombre d’ouvrages et de classements des plus grands succès de la SF. L’histoire est avant tout celle de la survie d’un homme, Robert Neville, seul rescapé apparent d’une pandémie mondiale qui transforme chaque humain en vampire. Pour se défendre, il utilise la panoplie classique des chasseurs de vampire : ail, pieux en bois, crucifix et lumière du Soleil. Est-il réellement seul immunisé ? Comment vivre lorsque l’on est le dernier humain encore « en vie » ? Voilà les questions auxquels Je suis une légende va répondre.

Le premier intérêt du livre est son côté rationnel, scientifique, alors que face à des vampires, on serait tenté d’attendre une histoire fantastique. L’auteur fait un vrai travail intellectuel pour justifier les vieilles légendes : pourquoi l’ail a-t-il un effet sur eux ? Pourquoi un vampire, après s’être pris un pieu en bois dans le cœur, se vaporise-t-il ? Quel est l’effet du Soleil sur lui ? Autant de questions auxquelles il se frotte, jouant avec les croyances populaires et les présentant comme un prélude à la catastrophe mondiale qui arrive. Oui, les vampires existent, et oui, ils n’aiment pas le Soleil, et Matheson propose quelques explications. C’est bien trouvé et justifié par plusieurs théories que l’on élabore et découvre aux côtés du héros, au gré de ses investigations.

L’aspect « survie matérielle » est ici éludé : on passe sur les moyens qu’a trouvés le héros pour s’en sortir. Il a de l’électricité avec un groupe électrogène, un congélateur et de l’eau courante, sans autre explication. En revanche, le livre s’oriente plus sur la survie psychologique. On suit Robert Neville et on découvre avec lui ses états d’âme, ses recettes pour (sur)vivre ainsi que la manière dont il se soustrait à la souffrance via le refuge de l’alcool. Un roman de solitude qui ne vire jamais dans le pathos. On retrouve ici, à mon sens, une des forces des romans du XXème siècle : celle de narrer une histoire de manière détachée. Il ne sert à rien, pour traduire la détresse d’un héros, d’utiliser un champ lexical dépressif. On reste sur de la littérature de divertissement, qui interroge sans nous faire tomber dans le marasme des protagonistes. Cela apporte une certaine légèreté et on revient aux buts initiaux de la littérature romanesque, à savoir, divertir.

L’histoire est bien sentie, elle se construit page après page, il y a un suspense prenant, tant au niveau des découvertes du héros que lorsqu’il fait de nouvelles rencontres. Est-il seul, ou pas ? Détient-il le moyen de sauver ses semblables ? Est-il vraiment une légende ? Ce sont là les enjeux de l’intrigue. Il y a quelques passages de flashbacks sur sa vie d’avant la catastrophe globale, avec sa femme notamment. Parfois, ces paragraphes arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe, mais l’ensemble se lit bien, avec plaisir. L’écriture est simple, efficace et sans prétention.

Un bon classique de la science-fiction, très plaisant à lire. Il mérite son titre de roman culte. Foncez sans hésiter.

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