Partager :

bouton-facebook     bouton-twitter

Fahrenheit 451 de Ray Bradbury

fahrenheit-451-ray-bradbury451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres, dont la détention est interdite pour le bien collectif… Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d’un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l’imaginaire au profit d’un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement poursuivi par une société qui désavoue son passé.

 

La Critique de l’Ogre : 7/10

Fahrenheit 451 est considéré par beaucoup comme ce que l’on pourrait appeler un classique de la dystopie – ie. contre-utopie – au même titre que Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley ou encore 1984 de Georges Orwell – deux romans que je vous conseille très fortement. Dans Fahrenheit 451, la dystopie se joue autour de la culture, ou plutôt son contrôle. Bonjour à la culture de masse, celle du divertissement et du plaisir immédiat, au revoir à la culture individuelle et surtout intellectuelle. Pour mieux contrôler les foules, il suffit de divertir, d’occuper, de donner du plaisir sans laisser la moindre place aux questionnements intimes et internes.

Symbole par excellence de la culture qui amène à réfléchir, les livres se retrouvent bannis d’une société où les pompiers, sans travail depuis que les maisons sont entièrement ignifugées, organisent de grands autodafés à guise de coups de lance-flammes. Dans Fahrenheit 451, c’est principalement l’univers et la société inventés qui marquent, avec de vraies questions posées autour de la culture « toute prête » que l’on sert à tout le monde et à toutes les sauces. La culture du divertissement face à l’intellectuelle, sujet on ne peut plus contemporain dans notre société où l’on oppose de plus en plus les arts et la lecture au divertissement de masse dont le symbole ultime se trouve être la télévision. Livre contre écran… Une opposition de plus en plus présente aujourd’hui alors qu’en réalité, ce n’est pas tant les supports que le contenu que nous devrions confronter. Sur ces points, le roman de Ray Bradbury était visionnaire.

Fahrenheit 451 aborde aussi un sujet intéressant en rapport avec la culture plus « intellectuelle », la culture des idées. L’une des justifications à l’interdiction des livres est que les échanges d’idées et les débats littéraires avaient atteint un niveau de contradiction tel que les gens se noyaient dans des idées antinomiques, à deux doigts de faire court-circuiter leur cerveau. Encore une fois, ce point est à mettre en parallèle avec notre monde actuel où la démocratisation des supports d’expression ainsi que les facilités de diffusion offertes rendent les débats difficilement audibles, noyant les idées dans un flot continu d’informations dont la véracité devient de plus en plus difficile à prouver.

Sur les thèmes abordés, je trouve ce livre visionnaire, surtout une fois placé en perspective avec notre société actuelle. C’est un exemple parfait d’un futur possible vers lequel il faudrait à tout prix s’éloigner.

En revanche, le héros et l’écriture ne sont pas aussi marquants que l’univers. Montag paraît un peu vide, sans âme, et il est difficile de s’identifier. Sans histoire personnelle, on peine à comprendre d’où il vient, ses vraies motivations, où il veut aller, ce qu’il cherche. C’est sans doute fait exprès, Montag est tout aussi perdu que nous sur sa vie personnelle. Mais il faut avouer qu’à la lecture, on peine à s’accrocher à ce pompier qui transgresse les règles. L’écriture est parfois difficile à comprendre et un peu vieillotte.

Un classique de la Science-fiction du vingtième siècle à l’écriture un peu vieille école, mais qui a le mérite de plonger le lecteur dans un univers dystopique qui donne matière à réfléchir.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *