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Derrière les portes de B.A. Paris

COUV-DERRIERE-LES-PORTES-507x800En apparence, Jack et Grace ont tout pour eux. L’amour, l’aisance financière, le charme, une superbe maison. Le bonheur. Vous connaissez tous un couple comme celui qu’ils forment, le genre de couple que vous aimeriez connaître mieux. Vous adoreriez passer davantage de temps avec Grace, par exemple. L’inviter à déjeuner, seule. Et pourtant, cela s’avère difficile. Vous réalisez que vous ne voyez jamais Jack et Grace l’un sans l’autre. Est-ce cela que l’on appelle le grand amour ?

À moins que les apparences ne soient trompeuses. Et que ce mariage parfait ne dissimule un mensonge parfait. Car pourquoi Grace ne répond-elle jamais au téléphone ? Et pourquoi les fenêtres de la chambre sont-elles pourvues de barreaux ?

 

La Critique de l’Ogre : 6/10

Derrière les portes est un polar/thriller psychologique, une histoire qui pousse le principe de faux-semblants à son paroxysme. Grace et Jack sont en apparence un couple parfait, équilibré, symbiotique, mais la réalité est toute autre : Grace est en réalité captive, dans une prison aussi bien psychologique que physique, pantin d’un plan machiavélique dans lequel la soeur de Grace occupe un rôle de premier plan. Tous les ingrédients du thriller psychologique sont réunis.

La manière dont Grace se retrouve piégée dans cette histoire est habillement décrite et amenée. Dans les premières pages, on ne comprend pas ce qui peut faire rester cette femme sous l’emprise de son tyran de mari. Par le jeu de l’alternance des chapitres racontant le présent et leur histoire passée, on découvre de quelle manière le piège s’est refermé sur elle, par quels artifices Jack s’assure de son emprise totale. L’histoire se tient bien et promet une atmosphère parfois étouffante. Le renversement de l’ascendant psychologique – sans trop en dire sur la fin – qui s’opère dans les dernières pages est aussi bien ficelé, on s’enthousiasme pour Grace tout en sentant l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête si jamais ses plans échouent.

L’écriture est fluide et le rythme du récit est bien dosé, avec de longs chapitres sur le présent et le passé qui permettent de s’installer pleinement dans la lecture, là où l’auteure aurait pu tomber dans l’écueil d’une intrigue passant son temps à jouer au yoyo. La tension monte crescendo, même si parfois le sentiment de panique et d’angoisse ressenti par Grace est un peu trop omniprésent, comme si B.A. Paris souhaitait à chaque page nous rappeler que son héroïne est dans une situation critique.

Plusieurs points ne m’ont pas paru crédibles, au premier rang desquels le sadisme de Jack. Son « plan », ses objectifs, passent pour caricaturaux tant il est décrit comme un manipulateur habile, mais foncièrement méchant. Un sadisme pathologique qui entache l’écriture de son personnage. Un Jack plus en nuance aurait fait gagner en intensité le récit, au lieu de ça, il est simplement décrit comme un homme ne désirant qu’une chose : faire du mal à une adolescente sans défense atteinte de trisomie.

Les personnages secondaires restent en retrait, parfois un peu trop. On peine à comprendre comment un semblant de relation d’amitié a pu se tisser entre Grace et les amis de ce couple de façade, tant l’omniprésence de Jack est étouffante. On en vient à se demander comment ces fameux amis arrivent à côtoyer le couple sans se douter que quelque chose cloche. Il faut l’arrivée d’Esther, nouvelle connaissance du couple, pour que des doutes commencent enfin à apparaître. L’auteure a voulu jouer la carte de l’emprise de Jack sur Grace jusque dans des relations sociales simulées, mais cela écorne la crédibilité globale.

Un roman bien écrit, un suspens étouffant, mais avec quelques points à redire sur la cohérence de l’intrigue. Un bon roman, somme toute.

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