Que se passerait-il si, dans un futur proche, un phénomène cosmique – une singularité – apparaissait au coeur de notre système solaire ? Que ferait l’humanité face à ce danger apocalyptique ?
Autour de ce mystérieux objet stellaire vont se nouer les destins de Sanjay, un astronaute qui n’arrive pas à retrouver sa place sur Terre, de Thomas, un journaliste new-yorkais tenace, de Joshua, le leader charismatique d’un mouvement spirituel mondial et de Nathalie, une scientifique intrépide de la base lunaire Aleph.
Alors que les crises internationales se succèdent et que les tensions atteignent leur paroxysme, l’humanité joue sa dernière carte en envoyant un vol habité vers la Singularité. La navette Orphée file à travers les vents interstellaires alors que sur Terre, chacun retient son souffle…
La Critique de l’Ogre : 6/10
Avec ce roman, Olivier Bérenval s’essaie à la Hard SF avec une histoire prometteuse : une singularité menaçant une humanité en crise, un voyage vers l’inconnu avec l’Orphée, ce vaisseau rempli d’astronautes déterminés à étudier et comprendre ce mystérieux phénomène perçant soudainement le système solaire… Une promesse de se confronter aux phénomènes les plus étranges de l’univers, à l’immensité du vide spatial, à des perspectives étourdissantes… Bref, pour un amateur de science-fiction, un synopsis plus qu’alléchant.
Le premier point à mettre au crédit d’Olivier Bérenval est le très bon équilibre entre sa Science-fiction et l’attention qu’il accorde aux personnages et à leurs relations. Ces deux pierres angulaires de son récit s’articulent très bien l’une avec l’autre. L’intrigue est complexe, complète, et se caractérise à la fois par une Science-fiction détaillée et crédible, argumentée de – nombreux – exposés scientifiques très documentés, mais aussi par une histoire humaine riche où émotions, ambitions, amour, et liens familiaux se mélangent dans un tout cohérent. Olivier Bérenval prend le temps de poser ses chapitres et accorde du temps à chaque personnage, chacun tentant de faire face aux événements déclenchés par la singularité.
Il y a tout de même quelques points qui m’ont dérangé, à commencer, la forme du récit. Le roman est construit autour de temporalités multiples entrecroisées les unes avec les autres, que ce soit au niveau des différentes histoires le composant, mais aussi au niveau de chaque personnage. On passe le livre à osciller d’une année à l’autre, tentant de recouper les événements… Au début, je me suis dit pourquoi pas. Sur la fin, j’ai commencé à me lasser du procédé. On s’y perd et franchement, j’ai eu beau retourner le sujet dans tous les sens, je n’ai pas réussi à saisir l’intérêt de cette construction. Le tout donne une impression de fouillis et finit même par altérer l’intérêt pour une histoire qui joue sans cesse au yoyo.
Un autre point m’a posé problème : le déséquilibre entre l’histoire liée à la singularité – plutôt prenante – et celle du mouvement religieux dirigé par Joshua qui ne m’a pas du tout convaincu. Sans vraiment d’explication, ce fameux Mouvement se retrouve être ultra puissant, avec une influence planétaire et des moyens financiers monstrueux, le tout – et c’est peut-être le plus dérangeant – sans rien apprendre de leur doctrine. Quelles informations sont égrenées, ici et là, mais de manière sporadique et très superficielle, sans aucun vrai exposé des idées. On passe une grande partie du livre à suivre un mouvement religieux que l’on ne comprend pas, presque comme si l’auteur avait voulu pouvoir en disposer pour l’histoire, mais sans trop s’embêter à le décrire.
Un roman de Hard SF intéressant qui prend le temps de s’attarder sur ses personnages et sur une histoire complexe et prenante, mais hélas entaché par un mouvement religieux difficile à comprendre et des temporalités multiples confuses.