Antoine Duris est professeur aux Beaux-Arts de Lyon. Du jour au lendemain, il décide de tout quitter pour devenir gardien de salle au musée d’Orsay. Personne ne connaît les raisons de cette reconversion ni le traumatisme qu’il vient d’éprouver. Pour survivre, cet homme n’a trouvé qu’un remède, se tourner vers la beauté. Derrière son secret, on comprendra qu’il y a un autre destin, celui d’une jeune femme, Camille, hantée par un drame.
La Critique de l’Ogre : 7/10
Dernier roman de David Foenkinos, Vers la beauté conte la mystérieuse embauche d’un professeur d’histoire de l’art en tant que gardien de musée à Orsay. Homme brillant et reconnu dans son domaine, Antoine Duris quitte du jour au lendemain sa vie à Lyon pour celle, solitaire et contemplative, de gardien de salle dans un grand musée parisien. Une décision soudaine et étonnante qui ne manque pas d’attirer la curiosité de ses proches, mais aussi celle de Mathilde Mattel, responsable des Ressources humaines d’Orsay. Intriguée par la solitude et l’isolement d’Antoine, elle entend bien en savoir plus sur l’étrange histoire de cet homme secret à l’ostensible vulnérabilité.
L’histoire est construite en trois parties, plus ou moins indépendantes : les intrigues y sont éloignées l’une de l’autre, mais finissent toutes par se recouper, se lier. Une triple mise en abîme qui nous entraîne dans un roman « effet papillon ». Chacune à son originalité propre, son ton et son identité. La première, celle de l’arrivée d’Antoine en tant que gardien de musée à Orsay, est décalée, mélancolique, parfois drôle dans ses situations. On sourit, on prend Antoine en sympathie, ce type qu’on sent cassé par la vie sans trop savoir pourquoi. Puis, la deuxième et la troisième partie s’éloignent du ton initial, et même de l’histoire telle que l’on aurait pu l’imaginer. Alors que la deuxième revient sur la rupture récente vécue par Antoine et entretient le mystère sur les raisons de son départ de Lyon, la troisième vire vers une tout autre direction en se focalisant sur l’histoire tragique d’une jeune femme.
Comme à son habitude, Foenkinos écrit avec poésie et simplicité. Il sait mettre des mots clairs sur certains états d’âme et apporte sa lucidité sur les relations et la psychologie humaine. C’est sans doute le point fort de Vers la beauté. La psychologie des personnages et leur histoire ne sont pas très développées – plutôt focalisées autour de moments clés de leur vie – mais les points sur lesquels Foenkinos se focalise sont exceptionnellement bien traités et décrits. Notamment, la troisième partie focalisée sur la jeune fille qui occupe, au final, le centre du récit, voit une construction psychologique dans le drame très bien construite, sans rentrer dans le pathos ou le glauque, alors que la difficulté des sujets abordés est bien présente.
Le petit déséquilibre de ton et de genre entre ces trois parties en fait un roman, à mon sens, un peu décousu. On a plus la sensation de lire un recueil de trois longues nouvelles qu’une seule est même histoire, malgré les liens faits entre elles. Peut-être que le livre aurait gagné à avoir des intrigues plus imbriquées l’une dans l’autre, plus liées.
Vers la beauté est un bon roman que je conseille à tous, un David Foenkinos qui, pour notre plaisir, se rapproche de certains de ses anciens succès.