Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps ». Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le coeur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.
La Critique de l’Ogre : 6/10
Grand prix RTL-Lire 2014
Roman des étudiants – France Culture-Télérama 2014
Prix Orange du Livre 2014
Prix des lecteurs de l’Express-BFM TV 2014
Prix Relay 2014
Tels sont les recommandations qui accompagnent ce livre de Maylis de Kerangal et qui m’ont grandement incité à me tourner vers lui. Malheureusement, je ne vais pas suivre la tendance générale de ces professionnels du milieu littéraire et journalistique. Car hélas, après la lecture de ce roman, ce qui me reste comme impression est un grand : « que c’était long ». Pourquoi ?
La ligne éditoriale du blog de l’Ogre Littéraire n’est pas de se positionner en critique littéraire averti, mais de partager : coups de cœurs ou coups de gueule, les livres qui m’ont marqués aussi bien par leur histoire que par l’impact qu’ils peuvent avoir à long terme… Un blog écrit par un lecteur, pour les lecteurs. Et quand je dis lecteur, c’est au sens large : les lecteurs du dimanche comme les acharnés. Et forcément, en s’adressant à un public aussi vaste, un des paramètres primordiaux se retrouve être le plaisir de lecture. Si j’apporte ces précisions, c’est pour bien insister sur le fait que je ne me positionne contre les avis critiques des professionnels du milieu, mais bien en tant que lecteur.
Je rejoins les avis critiques sur ce livre : l’écriture est poétique, onirique, avec un style certain, des phrases longues et rythmées, rappelant l’urgence de la situation, à savoir un cœur en attente de transplantation. L’auteure à le sens des constructions de phrases et arrive à décrire des scènes dramatiques, oppressantes, avec des mots justes et une précision parfaite. C’est certain, Maylis de Kerangal est une grande écrivaine à la plume fine et pourvue d’un vrai don poétique.
Mais pas pendant 200 pages… Ses phrases de plus de dix lignes, enchaînées sur un rythme effréné alors que l’histoire, au final, n’avance que très peu (le parti-pris est ici de décrire quelques heures de cette histoire tragique et d’évoqué ces instants de vie (ou tout bascule) autour d’une transplantation d’organe en suivant au plus près les « victimes », le donneur, le ou les receveur(s)), tout ceci épuise, et donne plus envie de fuir l’histoire que de s’y plonger. C’est réellement la sensation qui m’est restée : une lassitude face à ces effets de style, ces phrases sans pauses et surrythmées qui m’ont, au final, quelque peu gâché cette histoire qui, sur le papier, m’avait semblé alléchante.
Pour moi, l’erreur est d’avoir voulu traduire cette histoire sous forme de roman. Ce style aurait été parfait pour une nouvelle, un texte court, atypique, et dont on serait probablement ressorti avec enthousiasme. Je comprends les critiques dithyrambiques, je comprends l’enthousiasme autour de Maylis de Kerangal qui dispose d’un talent indéniable. Hélas, j’ai aimé le début, mais ce serait mentir que de dire que j’ai pris du plaisir à lire ce livre en son intégralité.