Angleterre, de nos jours. Une belle maison dans la banlieue londonienne, un mari aimant, des enfants qui grandissent et une brillante carrière de généticienne, à cinquante-deux ans, Yvonne Carmichael représente aux yeux de tous un modèle de rationalité, de stabilité et de réussite. Et pourtant. Un regard croisé dans les couloirs de Westminster, quelques mots échangés, le début d’une passion dévorante. Des rencontres sensuelles qui se répètent pendant plusieurs mois, rapides, sans attaches, au point qu’Yvonne ignore jusqu’au prénom de son amant ténébreux, qu’elle surnomme X. Enfin, une dose d’aventure, une féminité retrouvée, un nouvel élan de jeunesse. La saveur si particulière du risque et du secret. Mais un soir, tout bascule. Abusée par l’un de ses confrères, humiliée, Yvonne perd pied, se protège dans le silence, avant de se confier à son amant… Qui pourra mettre un terme à cet engrenage ? Qui saura différencier la victime du coupable ? Une femme amoureuse est-elle jamais tout à fait innocente ?
La Critique de l’Ogre : 7/10
Dès les premières lignes, Louise Doughty nous happe dans son récit avec un premier chapitre qui éveille notre curiosité et qui pose les bases de l’histoire. Avec une écriture efficace et très imagée, qui verse dans l’analyse et la comparaison plutôt que dans la seule description, on se dit tout de suite que l’on a entre les mains un livre que l’on va dévorer en seulement quelques jours – deux, pour ma part ! Présentée comme un journal intime de l’héroïne adressé à « Tu » ou encore « Mon Amour », on se retrouve immédiatement immergé dans l’histoire que l’on découvre à la place de ce mystérieux personnage qui révélera rapidement son identité.
L’héroïne analyse le monde qui l’entoure avec beaucoup de justesse et un point de vue intéressant, tout en partageant ses propres sentiments et sensations. La cinquantaine, femme de caractère brillante à la vie réussie, elle nouera une relation intrigante avec un amant énigmatique et douteux… Rapidement, on comprendra que cette femme spirituelle et intelligente perdra toute objectivité à son égard, se laissant guider par ses désirs, ses envies, ses illusions… Pour ma part, j’ai apprécié vivre cette histoire d’adultère à travers les pensées de cette femme : la façon dont elle la vie et la ressent, que ce ne soit pas un moyen de combler une vie déjà bien remplie, une relation extra-conjugale avec un homme difficilement cernable ne remettant aucunement en cause la profonde relation développée avec son mari à travers les années.
Il faut lire ce livre avec la volonté de découvrir en profondeur l’histoire de cette femme. Car ici, l’intérêt ne réside pas tant dans l’intrigue que dans la manière dont l’héroïne y réagit. Les personnages secondaires – le mari, les enfants – sont d’ailleurs très en retrait, et au regard de la construction du livre, ceci est presque normal : un procès, une histoire d’adultère, une expérience traumatisante… Autant d’événements amenant l’héroïne à se recentrer sur elle, dévorée par son histoire personnelle et son obsession pour son mystérieux amant.
Il y a tout de même un point étonnant dans ce livre, à savoir le rebondissement central qui, sous doute à cause du « teasing » lors du prologue, explose un peu comme un pétard mouillé. C’est très certainement volontaire de la part de l’auteur, d’autant plus qu’à la fin, on comprend que tout comme l’héroïne, nous aussi nous sommes imaginé des choses sur l’histoire. C’est d’ailleurs à la toute fin que le titre du livre, Portrait d’Une Femme Sous Influence, prendra tout son sens. Mais je trouve qu’il aurait gagné en intérêt si le prologue en avait révélé un peu moins, et notamment sur l’objet du procès. D’autant plus que cela aurait contribué à aiguiser notre intérêt pour la troisième partie du livre qui est légèrement en dessous.
Un roman introspectif intriguant sur l’histoire d’une femme dans la tourmente, quelque peu inégale sur ses trois parties, mais qui nous offre un vrai suspense psychologique.