Cinq femmes d’âges et d’univers différents cohabitent dans un immeuble parisien. Elles ne veulent plus entendre parler d’amour et ont inventé une autre manière de vivre. L’arrivée d’une nouvelle locataire va bousculer leur équilibre. Juliette est séduite par l’atmosphère chaleureuse de cette ruche, à un détail près : l’entrée est interdite aux hommes. Va-t-elle faire vaciller les certitudes de ses voisines ou renoncer, elle aussi ?
La Critique de l’Ogre : 6/10
Un roman court sur des femmes ayant perdu foi en l’Amour, retranchées dans les entrailles d’un immeuble parisien interdit aux hommes… Rien qu’avec ce pitch, on comprend la substantifique moelle de ce livre : des femmes déçues par leurs relations amoureuses avec un ou des hommes, une solidarité qui se crée entre personnes liées par des histoires similaires, et bien entendu, on s’attend à ce que le concept de cet immeuble Men Proof se trouve être remis en cause et fragilisé. Et c’est en substance ce qu’il va se passer…
La trame générale est donc prévisible, mais c’est dans les histoires contées que le livre se démarque. Au début, on s’attend à suivre Juliette, la nouvelle arrivante, et à la voir mettre la pagaille dans cette vie d’immeuble bien rangée. En réalité, tour à tour, on se trouvera être spectateur intérieur de chacune des habitantes, découvrant les désillusions auxquelles ces laissées pour compte de l’Amour ont dû faire face. Ces vies sont touchantes et participent bien à l’atmosphère solidarité/mélancolie qui se dégage de cet immeuble. En ça, ce livre arrive très bien à nous plonger dans une ambiance qui colle à la perfection avec l’histoire.
L’écriture est bien sentie, percutante, sans détour. La plume est précise et participe à l’atmosphère générale qui se dégage des pages, mais elle peut être, parfois, un peu trop directe. Des phrases courtes, expédiées rapidement, et un style qui se retrouve dans chacunes des histoires de ces femmes, ce qui est dommage pour un roman introspectif écrit à la première personne : faire varier légèrement le style d’une héroïne à l’autre aurait contribué à nous plonger dans leur univers, ce qui n’est pas le cas ici. On est pris dans un univers, certes, mais c’est celui de l’auteure. On finit par enchaîner les histoires sans trop se rappeler les caractéristiques ou les traits de personnalité de telle ou telle femme.
Les éléments introspectifs sont aussi, à mon goût, bien trop présents : les interrogations tournent en boucle, les angoisses sont omniprésentes, les questions sur les hommes et l’Amour n’arrêtent pas, les désillusions sont légion et le tout monopolise l’ensemble du livre. Les dialogues ne portent que sur ces points, tout comme les parties narratives. L’action est réduite à son minimum, comme si ces femmes ayant décidé de renoncer à l’Amour n’avaient, en fait rien d’autre dans le vie que ce fameux renoncement. Les mettre en scène dans leur vie quotidienne, dans leurs passions, tout simplement leur vie, aurait, j’en suis convaincu, apporté bien plus de profondeur. Au contraire, sur la fin, on a la sensation de tourner un peu en rond.
Un roman qui part d’une idée originale et attrayante, mais avec une narration beaucoup trop introspective et psychologique qui n’arrive pas à vraiment faire décoller l’histoire.