En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses… Aurait-il eu une vie secrète? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n’était qu’une machination?
La Critique de l’Ogre : 5/10
David Foenkinos a écrit quelques très bons romans, au premier rang desquels – ce n’est qu’un jugement personnel – Le potentiel érotique de ma femme, La Délicatesse, Les Souvenirs… Un auteur français plein d’humour, qui sait mettre en scène les relations amoureuses, amicales, les petites absurdités du quotidien, le plus souvent avec des personnages décalés et hauts en couleur. Ses romans proposent souvent des voyages dans un univers bien à lui, qui se reconnaît entre mille. La formule est-elle encore une fois la même et fait-elle mouche ?
Force est de constater que les premières lignes nous bercent de nouveau dans l’univers Foenkinos : de la légèreté, des personnages atypiques, au caractère fort, et une histoire qui entre doucement et tendrement dans son intrigue. Mais contrairement à son habitude, ici, l’entrée en matière est regardée avec de la hauteur : on commence avec une histoire d’amour entre un homme – un écrivain – et une femme – travaillant dans le monde de l’édition – qui nous est narrée à une vitesse surprenante pour David Foenkinos. On sent dès le début que ce n’est pas sur cette histoire de coeur qu’il souhaite s’attarder. Non, son but est de se concentrer sur le roman que le couple va découvrir dans une bibliothèque de livres rejetés par les Maisons d’édition. Livre qui va créer un séisme dans le monde de l’édition littéraire. Ce n’est pas tant le roman en question qui est au coeur du livre, mais bien les histoires qui en découlent pour les gens qui gravitent autour de cette oeuvre dénichée dans l’étrange bibliothèque d’une petite ville.
En ce sens, ce livre est une petite déception pour moi. Les personnages sont regardés avec trop de hauteur, avec moins de profondeur que d’habitude, et on retrouve avec difficulté ce qui avait fait la saveur des romans de Foenkinos. Trop d’histoires imbriquées, trop de personnages laissés sur le carreau. Dans ses romans précédents, on découvrait les personnages via les descriptions qu’il en faisait, mais aussi par les situations dans lesquelles les héros se trouvaient, les dialogues… Ici, ces fameuses situations sont toujours là, mais on peine à s’immerger, tant les scènes sont courtes, mélangées, tout comme les personnages. On se surprend à se demander « mais c’est qui lui, déjà ? « . Dans ces conditions, comment s’accrocher aux protagonistes de l’histoire ?
L’intrigue, en soi, reste simple, et pour ma part, j’ai vu le « twist » final arriver à des kilomètres. Elle a tout de même le mérite de questionner le monde de l’édition : qu’est-ce qui fait qu’un livre est publiable, ou pas ? La subjectivité d’un lecteur d’une maison d’édition ? La ligne éditoriale ? Une ligne économique ? Marketing ? Qu’est-ce qui pousse des lecteurs à acheter tel ou tel livre et le propulser numéro 1 des ventes ? Sa qualité intrinsèque ? Son fond ? Sa forme ? Bref, pas mal de questions assez intéressantes et bien mises en scène dans la deuxième partie du livre.
Le Mystère Henri Pick reste un livre sympa, mais pas révolutionnaire, un livre en dessous de ce que David Foenkinos a déjà produit.