Sa soeur était sur le point de lui révéler un secret… et c’est l’accident. Elle est grièvement blessée. Seul, l’angoisse au ventre, alors qu’il attend qu’elle sorte du bloc opératoire, Antoine fait le bilan de son existence : sa femme l’a quitté, ses ados lui échappent, son métier l’ennuie et son vieux père le tyrannise. Comment en est-il arrivé là ? Et surtout, quelle terrible confidence sa cadette s’apprêtait-elle à lui faire ?
La Critique de l’Ogre : 6/10
Tatiana de Rosnay brosse ici le portrait d’Antoine, un homme bouleversé par son récent divorce et perdu dans son existence. L’histoire, qui se concentre sur sa famille et les événements survenant suite à l’accident de sa soeur, sert de prétexte pour nous exposer sa vie au travers de souvenirs égrainés tout au long du roman et présentés avec une prise de recul très intéressante. Les personnages sont, dans l’ensemble, bien construits, et l’objectif de nous faire rentrer dans l’intimité de cette famille est plutôt réussi.
Car Boomerang est avant tout livre sur la famille, au sens large. Toutes les thématiques y sont abordées : les relations conflictuelles avec nos parents, la manière de nous libérer de leur influence, le type de parent que l’on est et que l’on souhaite devenir, avec, en toile de fond, les terribles secrets pouvant parfois gangrener une famille… Ce thème principal est accompagné d’un second, plus lourd, qui n’est autre que la mort, présente dans l’histoire à tous les niveaux et sous toutes les formes : le travail d’Angèle – la nouvelle compagne d’Antoine -, la mort de sa mère, de sa grand-mère, le suicide…
La présence constante de la mort dans chaque chapitre finit, à terme, par apporter de la lourdeur à l’histoire. D’autant plus qu’une certaine mélancolie se dégage du texte que la légèreté employée dans la narration ainsi que les dialogues, n’arrive, hélas, pas à soulager. Enfin, le texte semble, parfois, construit avec une volonté affichée de ralentir l’arrivée des révélations sans que cela ne semble apporter de réel intérêt à l’histoire. L’impression générale est ainsi d’avoir devant les yeux une histoire un peu lourde, difficile, pataude, qui peine à avancer, notamment en ce qui concerne le secret de famille.
Un point autre m’a particulièrement dérangé : Antoine nous conte l’histoire (et son histoire) avec un refus presque obsessionnel d’utiliser des locutions familiales telles que « ma mère », « mon père », ou « ma grand-mère » et s’obstine à tous les identifier par leur prénom. Je n’ai pas compris l’intérêt de la chose qui déclenche, pour moi, un double effet pervers. Le premier point est que l’on a la sensation que par ce biais, Antoine cherche à créer une distance avec eux, comme si certaines rancoeurs étaient presque trop insupportables pour qu’il puisse encore les considérer comme sa famille, ce qui est en réalité faux et aiguille très mal le lecteur. Deuxième effet néfaste : une confusion totale. Le début du livre n’est qu’un ramassis de prénoms – qui est la mère ? le père ? la soeur ? la grand-mère ? – ce qui est tout de même regrettable pour une histoire se basant justement sur la famille et ses secrets, où l’importance de bien identifier chaque personnage est cruciale.
Une histoire intrigante sur la famille et les secrets pouvant s’y développer, qui aborde des sujets complexes et difficiles, mais hélas, lourde et confuse.