Lyse-Rose ou Emilie ? Quelle est l’identité de l’unique rescapé d’un crash d’avion, un bébé de trois mois ? Deux familles, l’une riche, l’autre pas, se déchirent pour que leur soit reconnue la paternité de celle que les médias, ont baptisée Libellule.
Dix-huit ans plus tard, un détective privé prétend avoir découvert le fin mot de l’affaire, avant d’être assassiné, laissant derrière lui un cahier contenant tous les détails de son enquête.
La Critique de l’Ogre : 5/10
Michel Bussi est un peu le nouveau Guillaume Musso ou Marc Lévy, sortant des livres à un rythme effréné (à raison d’au moins un par an – deux en 2014 pour Bussi), œuvres aussitôt propulsées en tête de gondole en librairie par de grosses maisons d’édition disposant d’une force de frappe phénoménale. La vraie question est alors : est-ce un gage de qualité ? Passé cette remarque, passons à Un Avion Sans Elle (souvent identifié comme son ouvrage maître) : évitez-le !
Malgré des textes quelquefois un peu enfantins, l’écriture de Michel Bussi est intéressante. Sans avoir un style extraordinaire, les phrases s’enchaînent bien, il dispose d’un bon sens de la mise en scène et utilise des comparaisons souvent astucieuses pour décrire l’ambiance de son histoire… En somme, dans l’ensemble, les pages se lisent bien. De plus, l’idée de base du roman est intrigante, même si son originalité n’est pas son point fort – rappelant clairement le célèbre film La Vie Est Un Long Fleuve Tranquille avec cette histoire de bébé tiraillé dès la naissance entre deux familles appartenant à deux mondes totalement différents. L’ensemble du tableau est donc alléchant, et lors des premières lignes, on se dit que peut-être, ce livre va nous plaire.
Hélas les pages se tournent, et là, c’est la douche froide. Michel Bussi entretient une espèce de faux suspens insupportable tout au long de son histoire. Dès le début, nous suivons des personnages connaissant une part de la vérité – les grands-mères des deux familles, le détective privé et son journal, Lylie – et chaque fois qu’une information est sur le point de nous être révélée, quelque chose vient interrompre le récit. Énervant au début, lassant sur la fin. L’histoire traîne en longueur et est ponctuée par le journal de l’enquête menée par le détective Crédule Grand-Duc, lui aussi atteint du syndrome du suspens à deux francs six sous : « et c’est ainsi que j’ai découvert que… Non attendez, je vous en parlerai plus tard… ». Sincèrement, à partir du milieu du livre, j’ai commencé à trouver ça désespérant. D’autant plus que, sans trahir de secret, dès le milieu du livre, le dénouement final s’avère plus que prévisible.
Comme si ce n’était pas suffisant, Michel Bussi y a ajouté des personnages ultra-caricaturaux. À commencer par Lylie, qui n’est rien d’autre que parfaite : magnifique, artiste hors du commun, cultivée, philanthrope, et bien entendu, avec le cerveau d’Einstein… Puis vint Marc, dédié corps et âme à « sa Lylie » et crédule au possible – ce qui ne l’empêche pas, par ailleurs, d’élucider une énigme liée à son grand-père avec plus d’assurance que Sherlock Holmes – et enfin Malvina, une psychopathe que sa maladie mentale aurait empêchait de grandir correctement. Crédule Grand-Duc est peut-être le personnage le plus équilibré, mais il est ridiculisé par un nom à coucher dehors.
Une histoire entretenant un faux suspens irritable, des personnages caricaturaux au possible, une intrigue prévisible… Passez votre chemin.