On dit souvent qu’il existe des hommes à femmes, on peut considérer qu’Hector est un homme à objets. Bien loin de comparer la femme à l’objet, nous notons toutefois d’évidentes similitudes, et les angoisses de notre héros pourront se refléter dans les angoisses des infidèles, et de tous les hommes transpercés par la rareté féminine. » Après avoir collectionné, entre autres, les piques apéritif, les badges de campagne électorale, les peintures de bateaux à quai, les pieds de lapin, les cloches en savon, les bruits à cinq heures du matin, les dictons croates, les boules de rampe d’escalier, les premières pages de roman, les étiquettes de melon, les œufs d’oiseaux, les moments avec toi, les cordes de pendu, Hector est tombé amoureux et s’est marié. Alors, il s’est mis à collectionner sa femme…
La Critique de l’Ogre : 7/10
Plus connu pour son livre La Délicatesse et son adaptation cinématographique avec Audrey Tautou et François Damiens, David Foenkinos possède une signature toute particulière dans le paysage littéraire français. Une écriture drôle, touchante, tout en finesse, tournant bien souvent en dérision les petites absurdités de notre quotidien. Ici, il laisse libre court à son talent et nous livre une histoire d’une joie de vivre communicative sur un personnage, Hector, haut en couleur.
La force de David Foenkinos est de présenter l’histoire d’Hector en nous faisant apprécier chaque situation à travers ses yeux : l’absurdité des situations et de son comportement est ainsi décrite avec une banalité désopilante. On rit, on s’amuse de ce personnage un brin pathétique qui, après avoir réussi à dompter sa collectionnite, subit de plein fouet un retour de bâton inattendu sous une forme qui l’est encore plus : un besoin irrépressible de « collectionner sa femme ». Hector se retrouve ainsi à construire une collection mentale des souvenirs et des situations la mettant en scène (et érotiquement en valeur, de son point de vue). Le vice est même poussé jusqu’à créer de lui-même des situations pouvant alimenter son insatiable soif.
L’histoire, à la limite de l’abracadabrantesque, reste tout de même plutôt légère et l’identification au héros, de par sa nature quelque peu perturbée, peut se révéler difficile. Même si, tout compte fait, l’histoire que David Foenkinos nous conte n’est rien d’autre que notre histoire à tous : comment chacun d’entre nous tentons d’avancer dans la vie avec nos folies et nos faiblesses, nos moments de doute comme nos moments de bonheur.
Ce livre doit être pris pour ce qu’il est : une histoire décalée et touchante, sur un personnage atypique, névrosé, quelque peu hors de la réalité… Bref un roman léger qui donne le sourire.