Nous sommes à l’ère de la deuxième humanité. Il y en a eu une avant. Il y en aura une… après.
En Antarctique, le paléontologue Charles Wells et son expédition découvrent, tout au fond d’un lac souterrain, les restes de squelettes humains d’environ 17 mètres de long.
À Paris, le projet d’étude de son fils David sur le rapetissement humain est sélectionné par un tout nouveau programme de recherches, consacré à « l’évolution de notre espèce ».
Wells père a retrouvé l’ancienne humanité, Wells fils entrevoit la prochaine, mais ils sont loin encore de savoir la vérité.
C’est grâce au soutien et à la passion amoureuse d’une femme, Aurore Kammerer, spécialiste dans la connaissance des Amazones, que sera révélé le plus surprenant des secrets et réalisée la plus folle des expériences, modifiant à jamais l’avenir des générations futures.
La Critique de l’Ogre : 8/10
Tout commence avec une expédition scientifique en plein cœur de l’Antarctique où est découvert un cimetière d’humains géants, mesurant plus de 17 mètres, morts devant des fresques racontant leur histoire et la fin de leur civilisation. Ce côté très « old school », rappelant les romans d’aventures de la fin des années 1800 (il est impossible de ne pas penser à Jules Vernes et son Voyage au Centre de la Terre), nous plonge de manière passionnante dans cette grande et ambitieuse nouvelle histoire de Bernard Werber.
Le parti-pris de Werber est ici, à travers l’histoire d’un groupe de personnes sur le point de jouer un rôle décisif dans l’histoire et l’évolution de l’humanité, de proposer une direction (et plusieurs autres potentielles !) vers laquelle notre société des années 2000, qui se trouve aujourd’hui à un tournant de son histoire (surpopulation, réchauffement climatique, guerres de religion, émergence des nouvelles technologies et d’Internet), va évoluer dans les années qui arrivent. Même si le thème général, à savoir la création d’une micro-humanité, semble purement fictif, Troisième Humanité est un roman visionnaire d’une grande crédibilité.
La vraie force de ce roman se situe dans deux points majeurs. Le premier est la capacité dont dispose Bernard Werber à jouer sur les légendes, les croyances et les faits scientifiques pour nous vendre son histoire. Et ça marche ! À travers sa narration, on a la réelle impression que oui, ces géants retrouvés morts en Antarctique ont existé et influencé les cultures et civilisations du monde entier, allant jusqu’à nous faire penser pendant une fraction de seconde : « c’était donc ça ! ». Il mélange habilement ces éléments pour nous fournir une histoire crédible, bien documentée, entrecoupée de paragraphes de l’Encyclopédie d’Edmond Wells, personnage récurrent de l’univers de Werber faisant ainsi un lien direct entre ses différents romans. Ce livre est totalement immersif et donne au lecteur l’envie de participer à ce monde.
La deuxième force de l’ouvrage de Werber réside dans sa capacité à envisager l’avenir. Plusieurs voies y sont explorées, toutes sont probables, et aucune n’est jamais écartée par l’auteur. Clairement, le lecteur est ici le spectateur privilégié d’une des voies possibles, à savoir la miniaturisation de l’humanité, mais les autres sont toujours sous-jacentes, pouvant resurgir à tout moment et ainsi faire pencher l’histoire vers une toute autre direction.
Un point négatif, cependant : une légère naïveté présente tout à long du livre à travers les analyses psychologiques et politiques ainsi que lors de certains paragraphes qui ont tendance à légèrement décrédibiliser l’ensemble.
Troisième Humanité n’en demeure pas moins un œuvre visionnaire, qui offre l’avantage de nous projeter « loin dans notre avenir proche » (concept alambiqué, je vous l’accorde) et qui donne envie d’avancer pour savoir ce que l’avenir va (ou peut) nous réserver. Sachant que ce livre est n’est que le premier tome d’une trilogie, il nous ouvre à coup sûr la porte d’un cycle étonnant qui nous amènera à réfléchir…