BUG définition. En français : se dit d’un défaut affectant un programme informatique. En anglais : se dit d’un insecte, d’une bestiole, d’un virus… En 2041, la Terre est confrontée brutalement et simultanément aux deux. Un homme, seul, se retrouve dans la tourmente, convoité par tous les autres…
La Critique de l’Ogre : 9/10
Retour d’Enki Bilal avec Bug, bande dessinée dont il est difficile de passer à côté en ce Noël 2017. Une BD d’anticipation qui explore un thème qui semble de plus en plus plausible et réaliste, un futur qui nous pend au nez : la perte totale de l’Internet, des données numériques et les conséquences sur la population mondiale devenue dépendante de la technologie. Aujourd’hui, tout fonctionne avec cet outil mondial, demain, on imagine la tendance encore plus globale. Que se passerait-il en cas de perte du système ? C’est ce que Enki Bilal explore au travers de Bug, avec en sous-jacent, une mystérieuse mission sur Mars qui ramène quelque chose avec elle, sur Terre.
C’est une vraie réussite. L’histoire est prenante et superbement bien montée. On y entre sans détour, avec la perte totale d’Internet et des données numériques partout autour du globe. Au travers de différents groupes, on comprend les implications d’un tel événement dans une société sur-numérisée, dépendante de la technologie. Cela passe par le besoin de faire, de nouveau, appel à des actions basiques comme savoir écrire sans faute d’orthographe grossière, se rappeler d’un numéro de téléphone, jusqu’à des impacts plus inquiétants, comme la perte d’implants cybernétiques dans le corps humain, pouvant entraîner la mort une fois ces appendices en panne. Et il y a cet insecte, découvert dans le corps de l’un des astronautes revenant de Mars, lié d’une manière ou d’un autre à la perte du réseau Internet.
C’est l’un des mystères de cette BD : comment Obb, le héros de retour de Mars, parasité par un mystérieux insecte mécanique, peut avoir en tête toutes les informations supprimées des réseaux et disques terrestres ? Via cet insecte, sans aucune doute, mais pourquoi ? Et il y a ce voile, observé autour de la Lune, que personne ne comprend… Bref, une mise en place alléchante pour un premier numéro brillant, qui accroche. Des questions importantes se posent, des histoires intrigantes se mettent en place, et des héros se créent, au premier rang desquels Obb. On voit de plus en plus l’étendue de ses pouvoirs, sa capacité à utiliser les données numériques mondiales stockées dans sa tête. Une sorte de Big Brother, à lui tout seul !
Enfin, les dessins sont magnifiques. À la fois précis et vaporeux, ils contribuent à créer une ambiance mystérieuse et presque fantomatique, un style qui convient parfaitement à une histoire sombre et inquiétante de par ses conséquences sociétales. Un léger bémol – parce qu’il faut bien en trouver un 🙂 – les traits des personnages sont un peu proches les uns des autres, parfois, on confond les visages. Ils se ressemblent tous, si bien que l’on se pose quelquefois la question de savoir qui l’on suit exactement, notamment en ce qui concerne la femme de Obb et sa fille. Mais de manière générale, le dessin est exceptionnel, pour ma part, j’ai totalement adhéré !
Une très bonne BD d’anticipation, premier numéro d’une série qui sera à coup sûr une belle réussite !