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Planète à Louer de Yoss

Planete-a-louer« Toute ressemblance entre la Cuba des années 1990 et cette Terre du XXIe siècle est purement intentionnelle. »
Dans un futur indéterminé, une guerre nucléaire totale est sur le point d’éclater. Afin de sauver la Terre, des extraterrestres en prennent possession. Ils y imposent des règles draconiennes visant à rétablir l’équilibre écologique.
Un siècle plus tard, notre planète est redevenue un paradis, un « monde souvenir », où les riches xénoïdes viennent faire du tourisme. Mais derrière l’image d’Épinal, les conditions de vie des Terriens sont loin d’être idylliques.
Buca, la prostituée, Moy, l’artiste métis ou Alex, le scientifique de génie, tous n’aspirent qu’à une seule chose : fuir… partir…s’exiler… quitter la Terre… par tous les moyens !
Récit choral et engagé, Planète à louer est le premier roman traduit en France de Yoss, fer de lance de la science-fiction cubaine. Immédiatement remarqué par la critique et le public, il obtient le prix Julia Verlanger en 2011.

 

La Critique de l’Ogre : 7/10

Planète à Louer est un mélange entre roman et recueil de nouvelles. Dans ses pages, plusieurs histoires viennent s’entrecroiser, se mélanger, se recouper, le tout sur une toile de fond commune, à savoir l’asservissement d’une planète, la Terre, aux lois d’espèces extraterrestres imposant un embargo technologique, démographique et évolutionnaire aux humains. La Terre n’est plus qu’un monde dédié au tourisme alien, contrôlé par eux : les informations sont régulées tout comme le niveau technique et les transits d’humains vers d’autres planètes. Un parallèle avec l’embargo sur Cuba est revendiqué par l’auteur, source d’inspiration qui lui permet de mêler fiction et critique sociétale et politique.

Ce qui frappe le plus à la lecture est la richesse du monde inventé et développé dans ces pages. Vaste, peuplé d’espèces originales, avec plusieurs systèmes politiques qui s’entrecroisent… Le lecteur est plongé au coeur d’un univers cohérent conté à chaque histoire via la vie d’humains variés : une prostituée, un artiste, un pilote… Chacun d’entre eux fait face à ses propres difficultés qui illustrent les facettes de cette Terre, vestige des temps anciens, cette planète à louer… Et ces facettes sont sombres. Car du point de vue de l’humanité, ces récits sont clairement dystopiques. Esclavagisme, possession de corps, prostitution avec des conséquences proches des pires films de la saga Alien…

On arrive ici sur l’autre point fort de ce livre : son inventivité. Certes, elle est bien souvent utilisée pour faire grimper l’histoire d’un cran dans l’horreur infligée aux humains, mais il faut reconnaître à l’auteur de très belles idées, avec pêle-mêle un artiste qui se clone pour pouvoir torturer et déchirer son corps devant une foule de xénoïdes en délire, des prises de possession de corps humains avec un hôte toujours conscient, forme ultime de l’incarcération – la prison dans son propre corps contrôlé par autrui… je vous laisse imaginer l’horreur de la chose – la liste pourrait continuer, mais le mieux est encore de tout découvrir par soi-même.

D’autant plus que le tout est servi par une écriture fluide, originale et dotée d’un certain cynisme et d’un humour noir corrosif. C’est prenant, agréable à lire, intelligent, et on éprouve du plaisir à parcourir les pages. Certaines fois, il faut tout de même s’accrocher, car certaines histoires sont perchées, pas forcément faciles à suivre, et un non-initié à la SF pourrait facilement s’y casser les dents.

Un bon roman/recueil de SF, dans la pure tradition du genre, dans un univers fouillé et avec un arrière-plan politique intéressant… Une bonne surprise.

 

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