Je me souviens très bien de cet instant. Nous étions face à la mer.
L’horizon scintillait. C’est là qu’Anna m’a demandé :
– Si j’avais commis le pire, m’aimerais-tu malgré tout ?
Vous auriez répondu quoi, vous ? Anna était la femme de ma vie. Nous devions nous marier dans trois semaines. Bien sûr que je l’aimerais quoi qu’elle ait pu faire. Du moins, c’est ce que je croyais, mais elle a fouillé dans son sac d’une main fébrile, et m’a tendu une photo.
– C’est moi qui ai fait ça.
Abasourdi, j’ai contemplé son secret et j’ai su que nos vies venaient de basculer pour toujours.
Sous le choc, je me suis levé et je suis parti sans un mot. Lorsque je suis revenu, il était trop tard : Anna avait disparu. Et depuis, je la cherche.
La Critique de l’Ogre : 6/10
Je connaissais déjà l’auteur prolifique à « un livre par an » qu’est Guillaume Musso, sans jamais avoir été conquis. Je me suis tout de même penché sur La Fille de Brooklyn car ce livre est régulièrement présenté comme le témoignage du nouveau tournant « thriller » a pris par Musso ces derniers temps. L’occasion de voir s’il s’en sort mieux dans ce genre où les rebondissements et l’intrigue occupent une place prépondérante.
Ce n’est pas un franc succès. Je trouve l’histoire un peu bancale avec de gros déséquilibres au niveau des personnages. En premier lieu, il manque, pour moi, un point essentiel : la connaissance d’Anna, son caractère, son histoire, tels que les connaît Raphaël, le héros. Certes, l’objet du roman est de partir à la recherche de sa vie et de son enfance, mais les mois qu’elle a partagés avec Raphaël sont inexistants, cachés au lecteur. Disparaissant dès le début, on a la sensation de chasser un fantôme durant tout le livre. Il l’aime, très bien, mais pourquoi ? Qu’est-ce qui fait qu’il se lance éperdument dans cette enquête ? Aucun instant intime de leur histoire ne nous est raconté. On court après du vent…
Il y a ensuite les personnages qui restent creux, y compris le héros. Rien sur sa vie, son histoire, le pire étant probablement son enfant. Il est père et se débarrasse de son gamin à la moindre occasion, le traînant comme un boulet, sans qu’aucune émotion ne transparaisse entre eux. Cette relation est vide et semble totalement artificielle. D’autant plus que je trouve que son enfant est impossible à cerner, que ce soit au niveau du caractère ou de l’âge. Ses attitudes ne correspondent pas du tout au nombre d’années qu’il est censé avoir, et elles ne s’accordent pas non plus aux paroles qu’il formule… Bref, ça sonne terriblement faux.
Et il y a l’intrigue. Elle n’est pas inintéressante, au contraire, il faut avouer que l’on reste scotché. En revanche, elle ne tient pas debout. Peut-être ai-je loupé des ficelles scénaristiques, mais il y a des coïncidences hallucinantes, notamment à la fin lorsque tout se dévoile. Effectivement, Musso nous prend à contre-pied, mais c’est en utilisant des rebondissements fous et impensables, qui deviennent presque risibles – je pense notamment à la coïncidence entre Anna, et le voisin du héros.
De manière générale, un thriller aux coïncidences irréelles qui reste trop superficiel, surtout en ce qui concerne les personnages et leurs histoires. À éviter.