A Babylone, la construction de la tour touche à sa fin. On va bientôt atteindre la voûte du ciel et découvrir les secrets de Jéhovah. Une mathématicienne aurait trouvé une démonstration capable de mettre à mal les mathématiques, sa vie de couple… et sa vie, tout court. Le premier contact avec les extraterrestres aura également des répercussions inattendues sur le quotidien d’une linguiste réputée. Le destin de Neil Fisk bascule le jour où sa femme est tuée par la visitation d’un ange… Huit nouvelles qui constituent l’intégrale des oeuvres de l’auteur entre 1990 et 2002. Huit textes d’une puissance inégalée, lauréats pour la plupart des principaux prix du genre : Hugo, Nebula, Theodore Sturgeon, Sidewise… Huit occasions de découvrir le talent d’un nouveau grand de la science-fiction mondiale.

La Critique de l’Ogre : 6/10

La tour de Babylone est un recueil de nouvelles de Ted Chiang, dont l’une d’entre elle, L’Histoire De Ta Vie, a directement inspiré le film Premier Contact, sorti en 2017 au cinéma. Cet auteur n’a jamais publié de livre, uniquement des textes courts, dont une grande partie se trouve être contenue dans La tour de Babylone. Un recueil est toujours difficile à critiquer, tant les histoires et les styles peuvent être différents. Je propose ici de donner un avis général sur l’oeuvre, et de vous fournir une critique courte de chacune des nouvelles.

De manière générale, on sent que Ted Chiang est un auteur d’une grande intelligence et d’une forte culture scientifique. Les nouvelles à majorité anticipation/SF sont creusées, fouillées et complexes. Peut-être, parfois, un peu trop. En tant que scientifique, j’ai moi-même suivi avec difficulté certaines trames, dont Division Par Zéro est un très bon exemple. Je n’ose imaginer ce que des novices en sciences et mathématiques peuvent ressentir lorsque des sujets comme la division par un nombre infini ou nul sont abordés. La lecture est ardue, parfois confuse. Le fait de pouvoir passer d’une nouvelle à une autre dans le cas où l’un des textes nous reste hermétique sauve un peu le tout, mais de manière générale, ça reste une lecture qui n’est pas forcément reposante. Mais il faut reconnaître que les idées et les concepts sont là, et le travail abattu sur chaque texte est titanesque.

La Tour de Babylone : Une histoire qui offre une bonne entrée en la matière, très abordable, qui plonge le lecteur dans une atmosphère très étonnante et qui propose une conclusion surprenante.

Comprends : Un texte à la fin ouverte, qui emmène le lecteur dans une montée en puissance graduelle et bien ficelée, via une immersion dans le cerveau d’un être humain aux performances cognitives démultipliées par un traitement expérimental.

Division par zéro : L’histoire d’une mathématicienne torturée où s’entrecroisent découverte scientifique et vie personnelle. Un peu confuse, notamment lors des premières pages. Le niveau technique de cette nouvelle est élevée, novices en mathématiques : ça risque d’être coton.

L’Histoire de ta vie : La nouvelle ayant inspiré le film Premier Contact. Une belle histoire sur une docteur en langue tentant d’établir les bases d’une communication avec une race alien. Une très grande réussite.

Soixante-douze lettres : Une nouvelle traitant du langage commençant par des notions de biologie auxquelles je suis resté un peu hermétique.

L’Evolution de la science humaine : Un texte très court sous forme d’article scientifique futuriste surprenant.

L’Enfer quand Dieu n’est pas présent : Un texte réussi, où Ted Chiang tourne en dérision les religions, leurs adeptes, les miracles et autres apparitions divines au travers d’histoires croisées.

Aimer ce que l’on voit : un documentaire : Une nouvelle technologie rend les gens totalement insensibles à la beauté des visages, essayant ainsi de supprimer la superficialité de notre société. Une très belle conclusion pour ce recueil avec une nouvelle particulièrement réussie et très intelligente.

De manière générale, La tour de Babylone est un recueil intéressant, fouillé, mais un peu inégal et surtout difficilement accessible. Mais c’est un très beau témoin de l’intelligence de son auteur.