Qu’un homme oublie l’anniversaire de sa femme, quoi de plus commun ? Le cas de Vaughan est plus inhabituel : il se réveille un jour dans le métro, totalement amnésique. Oubliés son métier de professeur, ses enfants, sa femme… et leur prochain divorce ! Pourtant, à peine a-t-il posé les yeux sur Maddie qu’il en retombe fou amoureux. Vaughan saura-t-il réinventer sa vie pour reconquérir son grand amour ?
La Critique de l’Ogre : 8/10
Une très bonne surprise que ce livre de John O’Farrell. Journaliste, auteur de quelques romans salués par la critique, il nous propose avec L’Homme Qui A Oublié Sa Femme une histoire sur un thème de fiction, certes, abondamment utilisé – l’histoire d’un amnésique cherchant à recouvrir les souvenirs de sa vie… un classique – mais avec une lecture originale via un artifice intéressant, à savoir la perte de mémoire « sélective » du héros. Plutôt qu’une simple amnésie, ce sont ainsi uniquement ses souvenirs personnels qui pâtissent de sa condition. Cette nuance, simpliste au premier abord, apporte une nouvelle dimension à ce genre fictif : on s’évite les traditionnelles scènes où le héros tente de rattraper la vie quotidienne, l’Histoire, les habitudes et moeurs de société… pour rentrer directement dans le vif du sujet.
L’écriture est fluide, percutante, souvent drôle et ironique. John O’Farrell est un écrivain avec beaucoup d’esprit, son cerveau foisonne d’idées, et son talent transparaît dans chaque ligne. L’ensemble donne un savant mélange d’humour, d’amour et de drame familial qui ne sombre jamais dans le pathos. Le mode de narration, se concentrant sur certaines scènes clés de la vie de Vaughan, est très dynamique et nous embarque totalement dans l’intrigue. On plonge réellement avec plaisir dans chaque nouveau chapitre.
Au-delà des personnages, de l’histoire d’amour entre Vaughan et Maddie, ce livre est aussi l’occasion d’aborder un thème intéressant, à savoir : notre personnalité est-elle conditionnée par notre physiologie ou par l’environnement dans lequel on évolue ? Les deux, sans aucun doute, mais difficile de déterminer en quelles proportions… Dans ce livre, la perte des souvenirs de Vaughan change sa personnalité qui, avant son accident de mémoire, s’était retrouvée façonnée et modelée par son expérience personnelle, via les moments heureux comme les plus tragiques… Cet esprit soudainement vierge de toute influence extérieure lui permet de revenir aux fondamentaux de sa personnalité et, par la même occasion, de se débarrasser de certains de ses vices comme la cigarette. Une approche intéressante sur un sujet qui l’est tout autant !
Une très bonne histoire, prenante, narrée avec un second degré et un humour qui scotche le lecteur jusqu’aux dernières lignes.