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Arche de Stephen Baxter

arche_stephen_baxterEn 2052, après une ultime inondation qui a submergé les dernières parcelles de terre présentes sur notre planète, la fin du monde a eu lieu. Quelques années auparavant, anticipant le déluge final, le gouvernement américain a eu l’idée de construire une arche. Non pas un bateau permettant de naviguer sur les eaux et de sauver ainsi les derniers survivants, mais une navette spatiale conçue pour accueillir à son bord une poignée d’individus destinés à fonder une colonie humaine dans l’espace, sur une nouvelle Terre. Reste à choisir les heureux élus… Suite grandiose et captivante du spectaculaire Déluge, Arche est une épopée palpitante qui, en ces temps de réchauffement climatique, pose une question très actuelle: si la Terre venait à disparaître, où irions-nous ?

 

La Critique de l’Ogre : 6/10

Suite de Déluge (qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu tant les deux livres se révèlent, au final, être indépendants), Arche nous conte l’histoire d’une humanité survivante d’une monstrueuse inondation planétaire – dont la cause est d’ailleurs plutôt originale – qui continue, année après année, de submerger les terres. Ce qu’il reste des États-Unis d’Amérique se lance alors dans un gigantesque projet d’Arche, non pas sous forme d’un navire voguant sur les eaux, mais sous les traits d’un énorme vaisseau spatial ayant pour but de coloniser une nouvelle Terre, hors du système solaire. Le salut de notre espèce au sein des étoiles…

Arche se veut être un roman de hard-SF, scientifiquement crédible et considérant des évolutions technologiques probables au regard de l’état actuel de nos connaissances. Il n’en demeure pas moins que pour être en mesure de raconter une histoire traitant d’un voyage interplanétaire sur une seule génération (ie. une cinquantaine d’années), l’étoile la plus proche de notre système solaire étant à plusieurs années-lumière, il est nécessaire d’inventer un moyen de voyager à une vitesse très proche (voire supérieure) à celle de la lumière. Dans Arche, c’est le « moteur à distorsion » qui remplit ce rôle, isolant le vaisseau dans une bulle échappant à l’espace-temps et fonctionnant grâce à la matière noire. Seule grosse « invention » difficile à imaginer dans un futur aussi proche, le pari de la rigueur scientifique est, quant au reste, plutôt réussi.
Un point m’a tout de même quelque peu dérangé : comment un gouvernement peut-il réaliser pareille œuvre d’art (inventer et construire un moteur à distorsion, établir une zone de lancement de fusée, fabriquer une Arche abritant quatre-vingts personnes) en si peu de temps (une quinzaine d’années) sur un monde ravagé par une augmentation du niveau de la mer de plusieurs centaines de mètres, le tout en récupérant des morceaux de l’accélérateur à particule du CERN recouvert par les eaux ? Je trouve que Baxter aurait pu gagner en crédibilité en ancrant son récit dans un avenir un peu plus lointain, rendant ainsi ces prouesses techniques bien plus envisageables. 

Passées ces petites approximations nécessaires afin de lancer son histoire, plongeons-nous dans le fond du livre. L’écriture est bonne, fluide – même si la traduction laisse quelquefois à désirer – et il faut avouer que, malgré la complexité et l’énorme dimension de l’histoire, le tout se lit bien, très bien même. Baxter a un style coulant, simple, mais efficace. Peu de descriptions, beaucoup de dialogues, des scènes précises qui s’enchaînent… Un style un peu brut – mais qui fonctionne – nécessaire au regard de l’histoire et de la quantité d’informations et de scènes qui y sont présentées. L’intrigue est longue, il faut la faire avancer, et c’est ce que fait Baxter.

Mais plus on tourne les pages, et plus un léger sentiment d’inachevé s’impose : des scènes parfois trop rapidement expédiées, des événements ou des dialogues arrivant comme un cheveu sur la soupe… Ce n’est pas mauvais, mais on a cette étrange impression que l’auteur a traité cette histoire un peu rapidement, d’une seule traite, semblant presque écrire les scènes les unes après les autres sans  jamais disposer de la vue générale en tête. Un sentiment d’avoir entre les mains un livre inachevé…

Il reste tout de même que Arche est un livre étourdissant de par ses enjeux et les perspectives qu’il ouvre. Un groupe d’humains peut-il être prêt à se sacrifier pour assurer la survie de son espèce ? Par quels moyens l’humanité peut-elle subsister à pareille catastrophe ? Quels sont les enjeux d’une colonisation par l’Homme d’une autre planète ? Quel est l’importance de la diversité génétique dans pareille entreprise ? Autant de thèmes abordés les uns avec les autres, retournés, entremêlés… La crédibilité du groupe de survivants de l’Arche partant dans l’espace est d’ailleurs critiquable, mais en même temps, comment prédire l’évolution d’un petit groupe d’humains enfermés dans une boîte de conserve à la dérive dans l’espace pendant plus de quarante ans ?

Un roman qui conclut le diptyque entamé dans Déluge avec une grande épopée spatiale, un peu brouillonne, mais qui soulève et aborde des thèmes au cœur de ce qui constituera, un jour, les enjeux de l’exploration spatiale…

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